Française de l'étranger
Vendredi 13 Novembre 2015, 21h17.
J'aurais souhaité que cette date nous fasse penser à des moments heureux, d'amour et de partage. Au lieu de ça, elle nous évoque le début des événements tragiques qui se sont déroulés sur Paris vendredi dernier. Ces hommes s'en sont pris à la liberté, à la culture, à la République, à ce vendredi soir de lâcher-prise, comme tant d'autres... C'est injuste, intolérable, abject...
Et les motifs religieux derrière lesquels ils se cachent, pour justifier l'injustifiable, ne sont que poudre aux yeux pour hâtiser la haine. Le Dalaï-lama le disait déjà: "la religion ne transforme pas les hommes en criminels; ce sont les criminels qui utilisent la religion comme alibi de leur soif de pouvoir."
Quand les tirs ont débuté sur Paris, il était 15h17 sur Montréal. Les médias et particulièrement les médias sociaux ont très rapidement relayé l'information. Nous avons donc eu encore un bon nombre d'heures pour confirmer nos informations via des sites de référence et de contacter frénétiquement tous nos proches parisiens. Hébétés, nous avons cherché à absorber toutes les informations, la déclaration du président français, celle des ministres, les premiers témoignages. La cuisine de notre collocation s'est brutalement transformée en agora, spectatrice silencieuse de nos débats sur les guerres de religions, l'espace Schengen, les moyens mis en place suite aux attentats de Janvier, la scène politique française et autres... Besoin de parler, besoin de comprendre, besoin de nous sentir vivants au travers nos échanges.
La nuit a été courte ici aussi et après avoir été hébétés, nous avons été abattus. Les premières larmes ont frayé leur chemin de mon cœur, à mes joues, jusqu'à mon pays natal. Ici, à l'autre bout du monde, j'ai mal et je doute quant à l'avenir de la France, de l'Europe et surtout du monde que nous laisserons un jour à nos enfants...
Le reste du week-end, nous nous sommes branchés sur les ondes Françaises pour tenter de soulager cette douleur sourde qui a pris place dans nos cœurs. L'horreur, la haine et la violence ont laissé place à des mouvements d'entraide, d'union et d'amour. Ici, ma famille et mes amis me manquent. Et je souhaiterais faire des centaines de baisers et de câlins à ceux que j'aime et leur dire combien je les aime, combien nos différents importent peu, combien la vie est courte!
J'ai fait ce choix de partir tenter l'Aventure à l'étranger, mais avant tout je suis française et mes racines saignent face à de tels agissements.
Enfin, je voulais vous dire à vous victimes des attentats de vendredi et à vos proches, des milliers de pensées de lumière, de soutien et de réconfort.
Doudette.